Dans les forêts alentours il y avait des batteries de défense anti-aérienne servies par un régiment féminin de l’armée allemande. Plusieurs jolies filles soldats logeaient chez le patron de CAMPART, un  prisonnier parisien, beau garçon et qui n’avait pas froid aux yeux. Il nous disait souvent : «Les allemands ils m’ont eu, mais moi à mon tour les allemandes je ne m’en prive pas !».

Travaillant  dans cette boucherie, que de kilos de viande a t-il pu voler. Mais un prisonnier qui a faim ce n’est pas voler.

Il y avait également ce cher DARROZE, boulanger dans le civil, il avait été détaché à la boulangerie du village et travaillait seul. Son patron était mobilisé sur le front Russe. La patronne et sa fille de vingt ans ne savait pas très bien gérer l’affaire et souvent on me faisait appeler pour jouer l’interprète et expliquer à mon camarade ce qu’il ne comprenait pas.

A la nuit, tombante il cachait un sac de pain derrière la clôture et, vers 22 heures, quand la sirène signalait l’alerte, il allait le porter en forêt et le remettre à un autre prisonnier de l’usine d’aviation qui l’attendait.

Les alertes nous favorisaient bien les choses, la plupart des Allemands et notre gardien, restant planqué dans les abris.

Tout ceci se passait vers octobre-novembre 1942. Nous étions déjà beaucoup plus libres, car les armées allemandes étaient déjà proche de la déroute sur Stalingrad et nos patrons nous le laissaient bien comprendre.

Notre poste clandestin ne servait plus à grand chose car les camarades qui travaillaient chez des patrons qui frôlaient l’anti-Nazi, nous laissaient écouter la radio (LEMPEREUR)

Nous avions également tous nos camarades prisonniers Polonais, les déportées Ukrainiennes qui travaillaient avec nous dans le village et les usines, nous étions en mesure de renseigner les allemands de la situation  exacte.

Quand les Allemands attaquèrent la Russie, de nombreuses jeunes filles Ukrainiennes furent déportée et affectées dans l’agriculture. Au village il en arriva une quarantaine réparties entre le Sanatorium et les fermes. Mon patron en prend une, elle s’appelle Sonia et n’a que 15 ans. Elle nous aide à la traite des vaches puis fait du ménage dans les chambres de l’hôtel. Elle pleure souvent pensant à ses parents, elle a ses copines dans le village, puis elle s’habitue petit à petit. Pour améliorer l’ordinaire ces jeunes filles volent tout comme nous le faisons. Leur travail ménager leur permet de dérober beaucoup de cigares car chez tous les patrons les boites de cigares restent ouvertes sur les bureaux ; un ou deux cigares en moins ne se remarquent pas et cela leur permet de faire des échanges : chocolat, vêtements, friandises  (etc.)

Ces jeunes filles sont très gentilles et sérieuses.

Le dimanches elles se promènent toujours en groupe et quand il fait beau, on les voit danser sur la route qui traverse la forêt de Sachenhausen car à l’usine d’aviation Heinkel-Werk elles sont nombreuses sans doute des milliers.

Chaque samedi soir notre gardien nous conduit à l’épicerie du village et deux camarades  suivent avec une charrette pour ramener l’ensemble de nos commissions (nos marks de prisonniers ne sont acceptés que dans ce magasin).

Il y a, à l’épicerie, une jeune employée allemande d’environ 18 ans qui sympathise avec notre camarade LAFORCE. Ce dernier s’empresse d’aller au sous-sol chercher les caisses de bière ou de jus de fruit mais un jour la patronne fait le guet et crie au scandale.

Il n’était pas pensable qu’une jeune Allemande se laisse séduire par un prisonnier de guerre alors que les soldats allemands se fond tuer sur le front Russe. 

Les autorités du village se réunissent pour débattre du cas (le chef des agriculteurs, notre gardien, parents de la jeune fille, la patronne de l’épicerie) et moi je suis appelé à titre d’interprète. Cela pose bien des problèmes ; mon camarade LAFORCE devrait être renvoyé au camp alors que son patron insiste pour le garder le village en a grand besoin.

La jeune fille va être déshonorée et punie sévèrement.

Face à l’embarras de tout ce monde pour régler cette affaire. Je suggère qu’il serait préférable de ne rien ébruiter car il n’y a rien eu de grave, c’est finalement ce qui sera fait.

De ce camarade LAFORCE : revenons un peu en arrière. Depuis notre arrivée, nous avions un petit poste à galène qui marchait mal, LAFORCE, qui était de son métier électricien et qui réparait chez le patron de vieux postes, nous communique : «j’ai une combine, j’ai un poste que je pourrais réparer mais il me manque une pièce, lequel d’entre vous qui peut mettre chez son patron le poste en panne »?

Le camarade LANSOY qui travaille chez un paysan déjà âgé dont l’épouse pas très futée est de plus légèrement sourde.

Donc le lendemain LANSOY met le poste en panne et propose ses services : «j’ai un copain qui peut vous le réparer gratuitement».

Alors intervient LAFORCE qui démonte le poste, identifie les pièces soi-disant défectueuses et donne leurs références au paysan qui part aussitôt les acheter à BERLIN.

LAFORCE qui a récupéré dans son garage un vieux poste du même modèle peut avec les pièces soustraites au patron de LANSOY le remettre en état.

Imaginez notre joie quand pour la première fois nous avons entendu :

«ICI LONDRES, LES FRANÇAIS PARLENT AUX FRANÇAIS…»

Maintenant nous sommes au courant de tout ce qui se passe dans le monde, bonnes et mauvaises nouvelles et, au gré de nos déplacements, nous les colportons aux villages voisins.

Un certain dimanche, je m’habille en civil et décide d’aller dans un village situé à quatre km du nôtre voir un camarade prisonnier originaire de Cussey-les-Forges FUSELIER.

Dans le creux de mon guidon de vélo je cache un papier traitant des dernières informations.

En cours de route la police m’arrête, me fouille et me trouve porteur d’argent civil que je n’aurait pas dû détenir, puis découvre le papier caché dans le guidon de vélo mais ne sachant le lire n’y prête pas attention.

Le lendemain les policiers se sont  livrés à une petite enquête auprès de mes patrons, mais vu les bons renseignements donnés, les choses en restèrent là. Mon papier traitait de l’entrée en guerre de l ‘Amérique et de son extraordinaire potentiel industriel.

Jusqu'à la terrible bataille de STALINGRAD les allemands sont gonflés à bloc. Des émissions spéciales diffusent les victoires de l’armée allemande.

Ils ouvrent leurs fenêtres pour que nous entendions et, croyez-moi, cela nous serre le cœur.

Par contre notre radio nous redonne espoir à l’annonce des milliards de dollars votés par le congrès américains au profit du budget de la guerre et nous avons les preuves du bon emploi de cet argent par les raids de bombardiers de nuit, toujours plus nombreux.

Journal 1940

Montage des articles nous concernant. Lundi 1er juillet 1940.

Je me souviens tout particulièrement de l’annonce par la radio allemande de l’invasion de la Russie, le 22 juillet 1941. Nous sommes fous de joie et essayons de faire comprendre à nos employeurs que Napoléon s’y est déjà cassé les dents.

Le soir dans la baraque les copains chantent l’Internationale et nous croyons tous à une libération prochaine persuadés que les Allemands ne pourront tenir sur deux fronts.

L’avance Allemande est foudroyante, nous ne pouvons y croire et pourtant notre poste clandestin confirme les défaites Russes.

Au camp de LUCKENWALD arrivent des milliers de prisonniers Russes dont beaucoup mourront de faim. Les partisans d’Hitler (quelles que soient leurs nationalités ) reprennent courage sans toutefois trop se réjouir.

Notre petit groupe reste confiant, car certains signes ne trompent pas ; les bombardiers qui arrivent toutes les nuits plus nombreux et les Berlinois qui se replient sur les banlieues.

L’hôtel de mon patron est réquisitionné au profit des Grands magasin de BERLIN. Ils y entassent des marchandises (soieries, tissus de qualité, etc….)

Plus tard sur la fin de 1944 nous avons avec les Polonais et à l’aide de fausses clé fabriquées par LAFORCE, ouvert  toutes les caisses et dérobé les tissus.

Par chance la guerre touchait à sa fin car les Allemands se demandaient comment les jeunes filles étrangères pouvaient se procurer de si belles étoffes pour confectionner de si belles robes. Une enquête a été ouverte par la gendarmerie et DARROZE qui cachait un stock de tissus chez son patron s’est empressé de le détruire, mais comme à l’époque les Russes avançaient sur Berlin à raison de 60 à 70 Km par jour, la police avait d’autres chiens à fouetter.

à l’hôtel où je travaillais, c’était un bâtiment assez important, en plus de la ferme il se trouvait l’ancienne brasserie qui avait cessé son activité après la guerre de 14-18. Les bâtiments existants, où étaient déposé ces stocks à l’abris des bombardements, mes copains me disaient souvent : « tu ne peux pas en piquer, on te fait a bouffer tous les soirs et tu ne nous apportes pas grand chose, quelques œufs de temps en temps ». Pour les œufs j’avais une combine, car les filles de l’hôtel me tentaient des pièges. Les poules allaient pondre le matin, alors j’attendait 10 h et je comptais les œufs dans les nids, ici trois bons, je plaçais à plusieurs endroit des bûches de paille que je surveillais. à 10 h mes bûches de paille bien en place, donc personne n’est venu. Dans le nid cinq œufs, donc je pouvais en prendre deux.

Puis un jour j’ai accepté ce que mes camarades me proposaient. Le Caïd Laforce, serrurier, ma donné du mastic pour prendre l’emprunte de la serrure. Après plusieurs essais, la clé a fonctionné et ils se sont débrouillés pour dévaliser les beaux tissus. Personne ne s’en est aperçu et les allemands se demandaient comment les petites Ukrainiennes pouvaient se procurer de si belles robes, mais comme il se faisait un grand marché noir avec tous les étrangers de Berlin et que la guerre touchait à sa fin.

 

La Russie en Guerre (copie 8 volumes)

Pendant quatre années, sur un front de plusieurs kms.

Et avant que s’ouvrit en Normandie un deuxième front Alliés –passant à l’offensive ,les Russes balayèrent les Nazis de toute l’Europe Centrale.

 Page 25

 Le double jeu des puissances occidentales, favoriser Hitler. La guerre commencera à l’intérieur de la société capitaliste, Le fasciste largement toléré , et encouragé par l’occident contre l’anti-Soviétise.

            En présence du double jeu anglo-Français

            L’U.R.R.S.vers un traité Germanaux- Russe.

 Page 27

            Ce sera la faillite des plans Anglo-Français. Fasciste européen et démocraties occidentales.

 1939

            Les Démocraties et d’Amérique, se trouvèrent dans l’obligation de faire face à l’assaut du fasciste, après avoir tenté pendant plusieurs années d’utilisé l’Allemagne comme bastion contre l’U.R.S.S. –du 1er novembre 1924 à 1931 l’Allemagne reçut de banques Américaines 25 milliards de Marks, prêt à long terme.

 Page-28

            L’occupation de la Rhéanie a démontré que les Français et les Anglais étaient incapables

 Page 45 L’une des plus grandes bataille de la deuxième guerre Mondiale

 STALINGRAD

Page 45.

 1942 -pendant six mois – effectif engagés.

                        Deux millions d’hommes.

                        Deux milles chars.

                        Vingt cinq mille canons.

                        Deux mille trois cent avions.

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            2-Novembre 1942-message personnel de Staline à Churchill.

                        Message secret- Nous allons attaquer.

            20-Novembre 1942-Nous avons attaqué.

            27-Novembre 1942- Et votre deuxième front ?.

            30-Novembre 1942- 22 divisions allemandes encerclées à Stalingrad .

(trois cent mille hommes et l’armement)

            5-Janvier        1943-Von-Paulus- Kaput- anéantissement des armées Nazies.

            2-février ……..1943- à 18 h 30 L’armée allemande en déroute sur tout le front.

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            A Berlin, le peuple à peur des Russes, ils attendent le débarquement avec impatience.

            Dès l’automne 1943 des millions des peuplades de l’Est fuient sans discontinuer sur L’Ouest.

             Pour nous prisonniers de guerre Français, tous nos camarades S.T.O. déportés  de tous les pays de l’EST, du monde entier .notre captivité va s’améliorer, un grand espoir va renaître, sous les bombardements qui se multiplient et avec les anti-Nazis qui fleurissent de partout nous nous sentons tous frères, et attendons ensemble notre délivrance.

             Nous sentons que tous les peuples  respirent la paix .

Alors pourquoi la Guerre ?

 

1943 Bien Public.

 

STALINGRAD ! …

 Le 30 novembre 1942, vingt deux divisions allemandes sont encerclées à STALINGRAD. C’est la plus grande et la plus dure bataille de la deuxième guerre mondiale et le tournant décisif en faveur des armées alliées. Le  2 février 1943, dans une ville en ruine, Von Paulus se rend aux forces soviétiques qui font 90 000 prisonniers. Le BIEN PUBLIC titre : «LA GUERRE BASCULE !». Ceci bien avant le débarquement de Normandie (6 juin 1944). Les effectifs engagés dans cette bataille : plus de deux millions d’hommes, deux mille chars, 25 000 canons et 2.300 avions.

Cette irrémédiable défaite militaire allemande a des répercussions incalculables sur le moral de tous les allemands, militaires et civils.

Maintenant nos employeurs laissent entendre que la guerre est perdue. Ils ont peur des Russes et ne comprennent pas pourquoi les Américains ne débarquent pas sur le continent. 80 % de la population souhaite les voir arriver avant les Russes.

Ils avaient même fait cette petite chanson : «J’y va t’y ou j’y va t’y pas, si j‘y va, Hitler qu’est-ce qu’ il me fera ?, et si j’y va pas, STALINE qu‘est–ce qu‘il me dira ?».

à cette date pour nous prisonnier de guerre la vie va changer complètement et si beaucoup d’entre nous, prisonniers français, même si nous n’avons pas une grande sympathie pour ce régime communisme, ne pouvons que remercier de tout cœur cette grande puissance et cette armée soviétique qui nous redonne un immense espoir de revoir la France un jour, car de cette guerre on a marre et l’on peut dire que la victoire Russe de Stalingrad nous redonne vie.

Maintenant les Allemands se montrent moins hautains et nous adressent des petits sourires gênés ; «Pas bon la guerre». Ils sont tristes et chaque jours apporte ses mauvaises nouvelles ; un enfant ou un parent tué ou prisonnier sur le front Russe.

Dans l’ensemble le peuple n’est pas mauvais, mais c’est cette discipline de fer que heureusement en France notre génération n’a pas connu.

Tous les prisonniers ou déportés Français, Polonais, Ukrainiens et autres puissances nous étions tous frères et nous attendons la fin de cette sale guerre pour rentrer au plus vite dans nos familles.

Hélas, la guerre n’est pas terminée et il n’est pas sûr que le plus dur soit derrière nous.

Nous nous attendons à entrer dans une deuxième guerre, pris en étau entre les Russes et les S.S. Allemands. La prise de Berlin sera sans aucun doute l’objet de combats acharnés et nous savons que les chars Russes écrasent tout sur leurs passage.

Mais revenons un peu en arrière.

Fin décembre 1941, nous avions encore deux gardiens mais début 1942 un poste de gardien est supprimé pour dégager des effectifs au profit du front Russe.

Un ordre nous est communiqué : « en raison de la diminution de l’effectif de vos gardiens, vous devrez désigner dans chaque commando un des vôtres qui sera  exempt de travail mais responsable de la propreté du cantonnement et de la tenue des prisonniers, il devra aussi régler les différents pouvant survenir avec les employeurs, s’occuper du courrier, de la distribution des colis, des échanges de vêtements, de la perception des salaires et de leur transformation auprès d’une banque en marks pour P.G., il accompagnera les malades au docteur ou chez le dentiste, préviendra les employeurs des incapacités de travail, organisera les loisirs sportifs et les petits matchs inter-commandos ».

Étant donné que j’arrivais à m’exprimer tant bien que mal en allemand, mes camarades me demandent d’accepter cette place. Seul le camarade MAZEAU professeur, parle lui aussi un peu Allemand, mais se trouvant bien chez son patron il ne veut pas quitter sa place. De plus, le soir et durant ses temps libre, il aime bien jouer aux cartes et ce poste de responsable du commando lui paraît bien chargé.

à vote secret mes camarades me désignent, accepter m’ennuie également, cela va me séparer de mes bons copains Fatsec, un petit Polonais, et Johan, Sonia, la jeune Ukrainienne déportée et Jules un Français du nord. Je suis bien ennuyé car si je refuse on nous envoie un gardien. Le chef des agriculteurs et mon patron se consultent et conviennent d’un accord, je continuerai à travailler à l’hôtel tous les après-midi, que j’y prendrai mes repas et consacrerai mes matinées à l’administration du commando. Je serai payé par le syndicat agricole.

Finalement j’accepte cette responsabilité qui me causera bien des soucis car il n’est pas toujours facile de régler les problèmes avec les employeurs.

J’ai souvent des contrôles de propreté du cantonnement et un jour un adjudant en colère jette toutes les godasses qui traînent, par la fenêtre, et culbutant lits, table et photos de famille.

En revanche j’avais de bons moments : quasiment tous les matins je pars à vélo avec un malade ou deux en consultation auprès du médecin du bourg.

Il est de nationalité Yougoslave de plus les infirmières allemandes sont bien sympathiques. Souvent elles m’appellent pour les aider ce qui me permet d’obtenir à l’occasion quelques jours de repos pour un copain fatigué ou en mauvais termes avec son patron.

Au sein de notre commando règne une excellente ambiance de camaraderie d’amitié, de fraternité et aujourd’hui, c’est à dire 50 années après, sur la quarantaine que nous étions, plus de la moitié sont décédés, mais une bonne dizaine m’écrivent encore en fin d’année.

Chaque mois je vais au camp de Luckenwald pour échanger des vêtements et percevoir les colis américains. Nous recevons ces colis tous les deux mois environ (café, cigarettes, conserves, chocolat) pour y aller il me fallait traverser Berlin par le métro pour changer de gare et à chaque voyage je constate que les bombardements font de plus en plus de dégâts.

Noël 1943, le patron de l’hôtel nous réunit tous dans le salon autour du sapin de Noël, chacun a son petit cadeau (tabac, friandises), Sonia la jeune déportée Ukrainienne en a les larmes aux yeux car le temps lui dure, elle voudrait bien revoir sa famille.

La patronne répétait : «pourquoi la guerre» . Les Allemands sont tristes, de nombreuses familles ne reçoivent plus de courrier de leurs soldats engagés sur le front Russe. Et ils se montrent moins distants et plus sympathiques, on sent qu’ils cherchent à se rapprocher de nous. 

Dans ces moments de relâchement il nous arrive d’évoquer ensemble les perspectives d’un éventuel débarquement américain, mais personne ne se fait d’illusions : Les Russes seront à Berlin avant les alliés.

À partir de 1943 nous sommes presque libres, tous les hommes et beaucoup de jeunes allemandes sont mobilisés et ce sont les femmes déjà  âgées qui dirigent les fermes et les commerces, secondées par tous les étrangers de toutes les nationalités du monde. P.G.F. de Pologne, de l’Ukraine, de Grèce, de Turquie, de France la relève et travail obligatoire (etc.).

Chaque soir nous écoutons la radio, souvent même chez les patrons et attendons l’arrivée des quadrimoteurs alliés avant d’aller nous coucher.

Aux beaux jours la forêt de Saxenhausen, tout à coté, est envahie par les Berlinois et les travailleurs étrangers, plus particulièrement par les milliers d’Ukrainiennes qui travaillent à l’usine d’aviation Heinkel Werk. Elles s’amusent et dansent fréquemment dans la forêt

Dans cette forêt il y avait beaucoup de fruits des bois en toutes saisons.

Les journées sont tranquilles, alertes et bombardiers ne survenant que la nuit. Avec l’automne et les nuits plus noires nous assistons à de magnifiques et inoubliables spectacles aériens : des centaines de projecteurs qui fouillent le ciel et s’entrecroisent, les fusées éclairantes, tirs de la défense anti-aérienne, les grappes de phosphore qui descendent en cascades de feu, les appareils touchés et souvent en flammes qui perdent de l’altitude et s’abattent etc.

Nous vivons dans une région très boisée où sont dissimulés de nombreuses usines et autres activités militaires.

C’est en quelque sorte le faux Berlin qui attire les bombardiers pour soulager la capitale. Quand  nous sommes directement menacés nous sautons dans la cave qui nous sert d’abri.

Certains voulant jouer les courageux continuent leur partie de cartes et traitent les autres de peureux et de dégonfleurs, mais une certaine nuit la fenêtre a été soufflée par une fracassante explosion, les cartes ont volé au plafond et les « braves » se sont retrouvés en moins de deux à la cave. Les  soi-disant dégonfleurs ont bien ri et ont pu se moquer à leur tour.

Le lendemain la police a arrêté des aviateurs canadiens qui avaient sauté en parachute. Regroupés dans un poste de police face au nôtre, le gardien m’a laissé leur parler mais il était difficile de nous comprendre. Ils souriaient heureux, je pense, d’être vivants et de rencontrer des prisonniers de guerre français.

Un autre soir, un quadrimoteur a  explosé au-dessus du village. Sans prendre le temps de descendre les escaliers de la cave nous sautons depuis le haut et nous nous retrouvons en bas empilés les uns sur les autres (ceci se passait à l’hôtel nous venions de descendre la vaisselle à la cave et je n’avais pas encore eu le temps de regagner le commando).

Il y eu quelques dégâts de toitures, mais on a eu très peur : les débris du bombardier s’éparpillaient sur des centaines de mètres, il transportait une quantité invraisemblable de ces petites languettes de papier d’argent destinées à brouiller les radars et il y en avaient plein le village.

Quatre aviateurs alliés ont été tués lors de cette explosion. Ils ont été inhumés correctement dans le cimetière du village et nous avons à plusieurs reprises déposé des fleurs sur leur tombe, sans que les Allemands fassent la moindre observation.

Une autre fois il est tombé une bombe à retardement près d’un copain dans le pré de MAREY. Par chance elle n’a pas explosé. On découvraient aussi des réservoirs d’essence lâchés sans doute par des avions se délestant. Il tombait beaucoup plus de bombes dans la forêt que sur les objectifs et il nous semblait que les bombardiers mitraillés par la chasse allemande et la D.C.A. se débarrassaient le plus vite possible de leur chargement pour regagner leur base. 

BERLIN et sa banlieue ont subi quelques 340 bombardements de 1944 au début de 1945.

Les Alliés n’ont cessé qu’à l’offensive Russe sur la ville. Ils lâchaient leurs bombes de trois à quatre mille mètres d’altitude, alors que les Russes avec leurs bombes à grenailles piquaient en rase mottes.

On parle de plus en plus d’un éventuel débarquement allié à l’Ouest et personne ne comprend pourquoi il n’a pas encore eu lieu. Bien avant le 6 juin 1944 les Allemands étaient contraints au repli sur le front Russe et dans certains secteurs cette retraite frisait la déroute.

Revenons à l’organisation de l’Allemagne Hitlérienne. Dans chaque village il y a un Chef qui surveille et dénonce tout ce qui lui paraît suspect ou au contraire aux directives du parti. Le matin les Allemands se saluent en levant la main droite « Heil Hitler, vive Hitler ! ».

Les tièdes et les opposants font de même pour ne pas se faire remarquer.

Le camarade LANSOY travaillait chez ce chef et tout le village a poussé un soupir de soulagement lorsqu’à son tour il fut mobilisé. Le camarade LANSOY nous a certifié que son patron touchait 60 marks par mois uniquement pour dénoncer les anti- Nazi. Certains Allemands déjà âgés se cachaient pour ne pas partir. Un jour la police vient me chercher pour ramener un side-car découvert dans une maisonnette située en forêt. Après avoir essayé en vain de le mettre en route, je m’aperçois qu’une pièce du carburateur avait été enlevée. Son propriétaire ne doit pas être bien loin. Ne voulant pas éveiller les soupçons des policiers, je déclare qu’il s’agit d’un vieil engin hors d’usage et nous retournons au village chercher un cheval pour le tirer jusqu’à la gendarmerie. étant sur cette affaire de side-car, à l’arrivée des Russes le 27 avril 1945, un homme vient me dire en riant : « tu ne voulais pas le mettre en route mon side–car, car j’avais démonté une pièce » et il m’a raconté avoir passé toute une année sous terre pas  très loin de son épouse.

Ce cas là n’est pas unique. Depuis 1943 certains allemands étaient devenus anti-nazis et se montraient très sympathiques envers les Français et les autres étrangers. Par exemple le patron du café où travaillait FOUCHE et encore le patron du camarade LEMPEREUR qui fut désigné Maire à la libération en fonction des bons renseignements que nous avons donnés.

A partir de fin 1943 et durant toute l’année 1944, nous étions avec nos camarades étrangers presque les maîtres dans le village, alors que les allemands mangeaient des tartines de graisse, nous ne nous privions pas de beurre et nous devions cela à AMBLARD et MORISSEAU qui transportaient en gare et chargeaient sur wagons les bidons de lait à destination de BERLIN. Ils laissaient toujours quelques bidons en attente et recueillaient la crème quand elle était montée. Le soir au commando nous battions cette crème dans un seau pour obtenir le beurre. C’était parfois long et fatigant et cela suscitait bien des discussions pour trouver les volontaires chargés de ce travail. La région de BERLIN est très sablonneuse et les jours de grand vent il se formait des dunes.

Un jour, ce qui est assez rare, le ciel était noir ! noir !, nous piochions les pommes de terre, surpris par la tempête, nous nous sommes blottis les uns contre les autres et nous nous sommes retrouvés ensablés jusqu’au ventre. Par endroit les pommes de terre étaient par contre déterrées.

Il y avait aussi des tourbières qui parfois prenaient feu, ceci durant les grandes chaleurs. Nous creusions des rigoles pare-feu qui permettaient le ruissellement de l’eau. Je crois savoir que la région était très proche du niveau de la mer et peut- être en dessous. Les champs de pommes de terre s’étendaient à perte de vue. Pour l’arrachage, les fermes d’État possédaient d’énormes machines et durant plusieurs mois il s’expédiait quatre ou cinq wagons de tubercules par jour.

Les petits agriculteurs les ensilaient (silo pouvant dépasser la centaine de mètres et tout cela partait sur le front Russe).  

L’agriculture et les usines ont produit sans relâche jusqu’au derniers jours à l’arrivée des Russes avec tous les étranger du monde entier et les allemands ne souffraient pas de la faim.

Les anciens de la guerre 1914-1918 prétendent avoir gagné la guerre grâce au pinard mais si les Allemands ont pu tenir si longtemps c’est en partie grâce à leurs pommes de terre.

Il y avait aussi d’immenses plantations de chanvre ; cette plante servait pour la fabrication d’étoffes (vêtements de l’armée) à l’automne, pour la récolte, les tracteurs à chenilles tiraient des faucheuses-botteleuses qui liaient des gerbes de près de deux mètres de haut avec deux liens (un près du pied, l’autre près de la tête).

Lorsque les grosses exploitations avaient pris du retard pour la récolte, le chef des agriculteurs mobilisait tous les étrangers pour donner la main et je me souviens d’un dimanche où nous étions des centaines de Français, polonais et jeunes ukrainiennes, tous chaussés de bottes, occupés à relever les gerbes et les rassembler en tas de quarante ou cinquante afin de leur permettre de sécher un peu avant leur chargement sur wagon. Ce travail n’était ni facile ni agréable mais notre communauté d’étrangers était si fraternelle et solidaire que nous oubliions nos fatigues et rions bien.

En hiver nous étions également requis pour dégager la route de BERLIN lors des dégels il y avait des blocs de glace à dégager. J’ai vu dans des périodes de grands froid de jeunes Polonaises et Ukrainiennes contraintes à balayer les quais de la gare. Tout le monde travaillait dur et s’il n’y avait pas eu l’invasion Russe, la guerre pouvait encore durer longtemps.

L’aviation ne peut tout détruire ; c’est un orage qui passe puis la vie reprend.

Quand, plus tard, les Russes nous ont dirigés sur la Pologne nous avons pu constater les effets du rouleau compresseur Russes, avec son cortège d’irréguliers Russes, Estoniens, Lettoniens, Polonais, Turcs, Mongols, Tartares, détenus ou prisonniers libérés qui pillaient et détruisaient tout pour manger et subvenir à leurs besoins (plus de chemin de fer ni d’électricité, maisons en ruines, livres et meubles brûlés pour faire cuire les pommes de terre, plus aucun animal, même les poissons des étangs avaient été tués au fusil ou à l’explosif, souvent pour s’amuser).

6 juin 1944 enfin ce débarquement américain tant attendu

Nous étions occupés aux travaux de piochage des betteraves, il faisait un temps superbe. Le camarade AMBLARD apprends la formidable nouvelle par son patron qui est aussi heureux que nous. Chacun enfourche son vélo pour aller annoncer l’événement aux camarades disséminés dans les fermes alentours. Les allemands sont presque aussi heureux que nous, tant ils redoutent les Russes qui se rapprochent chaque jours de plus en plus de BERLIN.

Polonais et Ukrainiennes chantent et dansent de joie.

 

 

Toutefois notre immense bonheur comporte certaines inquiétudes. Réussiront-ils ce débarquement ? Tiendront-ils face aux contre-attaques Allemandes ?

Paris est libéré le 25 août 1944, Dijon le 11 septembre et Strasbourg le 23 novembre.

Nous avons fêté la libération de PARIS le jour même alors que les Allemands ne l’ont apprise que quelques jours après.

Maintenant nous avons des alertes de jour, la chasse allemande ayant beaucoup perdu de son efficacité. Nous apercevons des vagues de bombardiers qui volent très haut en direction du centre de BERLIN.

La radio allemande annonce toujours des chiffres impressionnant d’appareils abattus et, pour regonfler le moral du peuple, évoque la sortie prochaine d’armes secrètes terrifiantes qui déboucheront sur une guerre totale et anéantiront l’ennemi.

Personne n’y croit trop mais il est heureux que les allemands n’aient pas réussi à mettre au point la bombe atomique car ce fou d’Hitler n’aurait pas hésité à s’en servir et il est probable que nous n’ aurions jamais revu la France.

à partir de l’automne 1944 de nombreux Berlinois quittent la capitale pour se réfugier dans nos villages en banlieue, dans des baraques en planches de sapins qu’ils construisent dans la forêt.

Dans le village il y avait un énorme dépôt de bois qui fut utilisé à cet usage, le marché noir prospère de jour en jour, la police est débordée et ne  peut plus contrôler ni les trafics, ni la multitude de réfugiés et d’étrangers qui fuient sur l’ouest.

Durant l’hiver 1944-1945 l’étreinte Russe se resserre, ils arrivent sur l’Allemagne, les alertes se multiplient en dépit de la neige et du froid, le village est encombré par les voitures hippomobiles et les chariots des allemands de l’ Est qui se replient, et répandent des rumeurs de panique ; les chars Russes écrasent tout sur leur passage, les soldats violent et tuent les enfants.

Nous sommes dans un climat de débâcle et sept millions de civils fuient devant l’armée rouge sur l’Ouest.

 

LA GRANDE DéBÂCLE

En juin 1944, des milliers d’oiseaux de trois cents espèces différentes qui, chaque année à la même époque, se rassemblent dans le delta du Danube, marquèrent un temps d’arrêt exceptionnellement long avant d’emprunter les voies traditionnelles de leur migration.

Ce n’était pas la première fois que les animaux indiquaient aux hommes l’imminence d’évènements tragiques.

Les oiseaux du Danube annonçaient en fait le plus grand exode de l’histoire de l’humanité.

Sept millions de civils fuyaient d’est en ouest, sur les traces de l’armée allemande en pleine retraite, tandis que l’Armée rouge poursuivait son avance foudroyante.

Deux millions de femmes et d’enfants, essentiellement, passaient par la Baltique sur des navires traqués par l’aviation alliée et les sous–marins soviétiques.

Parmi eux figuraient des rescapés des camps de prisonniers et des camps de concentration.

Les autres traversèrent la Pologne et subirent les horreurs de l’enfer de Dresde de la prise de Dantzig du sac de Königsberg, du siège de Breslau. L’auteur suit cet exode gigantesque jusqu’à Budapest, Prague, Vienne et BERLIN qui furent soumises à des atrocités innombrables.

Près de 2 280 000 de ces réfugiés moururent ou furent tués en route, 800 000 disparurent. Près d’un million furent déportés en Union soviétique.

Des centaines de milliers de femmes furent violées ou maltraitées.

Jacques de Launay et l’équipe qui l’a assisté ont reconstitué la Grande débâcle à travers des milliers de témoignages authentiques.

Cet ouvrage, basé sur des faits indiscutables, recèle avec éclats l’un des aspects les moins explorés de la Seconde Guerre mondiale.

Né en 1924, Jacques de Launay fut, de 1942 à 1944, agent de l’organisation civile et militaire de la Résistance. Il s’engagea dans l’armée française en 1944-1945. Après plusieurs années passées aux cabinet des ministres français de la Santé publique et des affaires étrangères, il se consacra pendant quinze ans à l’action européenne et fut notamment l’un des organisateurs du Congrès de l’Europe, en mai 1948, et fondateur du bureau européen de la jeunesse et de l’enfance.

à l’origine de plusieurs conférences internationales sur l’histoire de la Résistance et représentant spécial en Europe de l’Institut Hoover, Jacques de Launay est l’auteur de nombreux ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale qui ont connu d’importants tirages et lui ont valu de multiples traductions étrangères.

Didier Thimonier

(prisonnier de guerre banlieue Berlinoise à cette époque durant l’hiver 1944-1945 je l’ai vu et vécu tous ces gens femmes et enfants sur des chariot enveloppés dans des couvertures en plein hiver beaucoup sont morts de maladie, de froid, de faim, d’accidents et des bombardements).

signé Raillard Jean

 

La grande débâcle. Il y a 48 ans.

Du quartier gouvernemental, étroit quadrilatère d’une douzaine de kilomètres de périmètre, situé entre l’Alexanderplatz, la porte de Brandebourg et la chancellerie.

Le 29, les Russes réduisent 2.000 « S.S. » retranchés à la préfecture de police de l’Alexanderplatz.

A deux kilomètres de là, dans le bunker, quelques fidèles sablaient le champagne pour célébrer le mariage d’Hitler avec Éva Braun, sa concubine depuis 1932.

Pendant ce temps, des centaines de Berlinois réfugiés dans le métro périssaient noyés parce que la Werhmacht, ou la « S.S. » a fait inondé les souterrains pour empêcher leur utilisation par les troupes d’assaut soviétiques.

Le lendemain, ayant enfin compris qu’aucune issue n’était possible, le dictateur refusait de tenter une sortie à bord d’un char accompagné de 200 fanatiques de la jeunesse hitlérienne, comme lui propose leur chef, Arthur Axmann.

A 15h30, il se tire une balle dans la tête aux côtés du cadavre d’Éva Hitler qui s’est empoisonnée au cyanure. Auparavant, il la chargé son valet de chambre, Heinz Linge, d’incinérer les deux dépouilles au préalable arrosées d’essence.

Fin 1944 au 16 avril 1945, L’exode de l’Est vers l’Ouest.

Oui cela avec mes camarades nous l’avons vus des milliers sont morts de faim, de froid, des bombardements, tous les matins la cour de l’Hôtel ou je travaillais était occupée par ces réfugiés arrivés dans la nuit, ma patronne me dit elle,  il faut les chasser ce sont des voleurs,  que faire tous me faisait pitié ces enfants en bas âges.

C’est alors que ma patronne les chassa.

Plus tard au retour de ces évacués dans leur pays d’origine , cette colonne fit halte à l’hôtel  , un groupe s’avança ,ah madame vous m’aviez mis dehors ,eh bien aujourd’hui c’est moi qui vous chasse de votre maison.

À leur départ le lendemain elle est rentrée chez elle.

Puis le 17 mars 1945 des milliers de bombardiers pilonne la région, les Russes arrivent sur l’Oder, c’est la ruée des évacués sur l’Ouest, l’encerclement de  se forme, au Nord de Berlin, l’armée allemande se sauve en désordre avec beaucoup d’étrangers, nos gardiens  nous abandonne c’est la grande pagaille, 12 camarades nous quittent avec regret, car nous avions toujours décidé attendre nos libérateurs sur place, et nous mettre à leurs ordres puisque nous étions leurs alliés

Ce que nous avons fait.

La situation devenant insoutenable nous  allons nous réfugier dans la forêt du 23 avril au 27 avril 1945  jour de notre délivrance après des nuits d’enfer.

Pour nous la captivité est terminée après la honte, nous connaîtrons la victoire à Berlin dans cette armée Soviétique.  

Linge se livra à cette tâche macabre avec Martin Bormann, secrétaire privé d’Hitler, sous les tirs d’artillerie visant le parc de la chancellerie. A portée de fusil des corps qui se consumèrent pendant près de quatre heures, les Soviétiques donnaient l’assaut au Reichstag ou 6 000 Allemands étaient encore retranchés.

Une photo, mondialement célèbre, a montré les sergents Jegorov et Kantarija hissant le drapeau rouge sur la carcasse de la coupole de l’édifice.

Mais aucune image ne rappelle les corps à corps qui durèrent encore deux jours dans les couloirs et les caves de l’ancien Parlement.

Deux mille Allemands seulement en sortirent, le 2 mai, lorsque le Général Weldling dernier commandant nazi de Berlin, se décida de capituler.

La prise de Berlin avait coûté 300 000 tués et blessés à l’armée rouge.

Quand à la ville, elle donnait l’impression d’être à jamais rayée de la carte ; 3.000 immeubles étaient encore intacts sur les 245 000 dénombrés au début du conflit : 144 ponts étaient détruits et seulement 9 000 des 33 000 lits d’hôpitaux étaient encore utilisables.

 Quarante huit ans plus tard, la quasi- totalité des ruines a cédé la place à des immeubles neufs et les édifices historiques, presque tous situés à l’est, sont en cours de restauration.

Par contre, la chancellerie, dont les marbres ont servi à l’édification d’un mémorial soviétique, a été rasée. Seul un tertre isolé dans le no man’s land du « mur » édifié par la R.D.A. en 1961 rappelle l’emplacement du bunker hitlérien. D’après les rares personnes admises à visiter, il ne subsiste plus qu’un trou inondé.

Cet article avait paru dans notre journal des anciens Prisonniers de guerre .

il était intitulé « il y a 35 ans s’effondrait le IIIème REICH »

A cette date je l’ai fait passé dans notre journal « le BIEN PUBLIC »

En l’année 1980 il est a nouveau intitulé sur le « BIEN Public »

« IL Y A 48 ANS S’EFFONDRAIT LE IIIème REICH »

                                                                                       Signé RAILLARD JEAN

 

LA CHUTE DE BERLIN (telle que je l’ai vue et vécue.)

Le dimanche 17 mars 1945 vers 14 heures, par un temps superbe plusieurs camarades attelaient une charrette qui devait nous conduire au village voisin pour y jouer au football. Ouvrant sa fenêtre ma patronne me crie : «ne partez pas, la radio annonce une grosse alerte», à peine la fenêtre refermée que toutes les sirènes entrent en action et déjà les quadrimoteurs arrivent.

C’est un spectacle magnifiques, les vagues arrivent de tous les points de l’horizon et il est impossible de les dénombrer mais plus tard on parlera de trois à quatre mille appareils. Il paraît qu’ils ont lâché quelques bombes sur Oranienbourg mais il n’est pas tombé une seule bombe dans notre région.

J’ai toujours pensé qu’il s’agissait d’une sorte d’au revoir de l’aviation alliée assortie d’une démonstration de force destinée à faire comprendre aux Russes que les alliées étaient en mesure de les arrêter s’il le fallait, car depuis l’irrémédiable défaite Allemande de STALINGRAD se dessinait  une sorte de grand duel opposant Russe et Américains, ou plutôt STALINE et Eisenhower.

QUI SERA LE PREMIER A BERLIN ?

Allemands et étrangers répandent des nouvelles des plus fantaisistes : les uns annoncent les Américains à Magdebourg ; d’autres des chars alliés à Néroupine, c’est à dire à moins de 40 km de notre village. Tout cela se révèlera faux puisque le général Montgoméry, ne passera le Rhin que le 23 mars 1945, et ce n’est que le 26 avril 1945, alors que Russes et Américains se rencontrent sur l’Elbe à Torgau, les troupes de Joukov et de Koniev, arrivant l’un par le nord (où j’étais) et l’autre par le Sud, investissent Berlin, maison par maison, cave par cave , et les 16 et 17 avril  l’artillerie soviétique a tiré plus d’un  million d’obus sur Berlin, c’est à dire quelque 98 000 tonnes et le 29 avril les Russes réduisent 2 000 S.S. Allemands.

Avec mes 20 camarades cachés presque sous terre dans la forêt de Sachenhausen nous avons été délivrés le 27 avril 1945 par des troupes polonaises.

Avant même d’achever la prise de Berlin, les Russes fonce sur Magdebourg ville située à environ 150 Km à l’Ouest et atteignent la ville en quelques jours.

Dans notre secteur l’aviation alliée a disparu pour laisser la place à l’aviation  Russe. Ils arrivent en rase-mottes mitraillant tout sur leur passage et lâchant des bombes à grenailles. Notre petit village a été épargné mais les villes voisines ont beaucoup souffert.

Le 22 avril 1945 l’armée rouge avait presque investi Berlin et depuis quelques jours nous étions quasi libres et nous aurions pu fuir à l’Ouest avec les civils Allemands. Le village situé de l’autre côté du canal était déjà libéré alors que nous sommes restés jusqu’au 27 avec les S.S.

Le 20 avril les allemands évacuent le camp de concentration de Saxenhausen   situé dans la forêt nous ne savions même pas que ce camp existait tellement c’était secret .

Cela a duré trois jours et concernait des dizaines de milliers de déportés, en vêtements rayés, qui n’avaient même  plus la force de marcher ; parmi eux beaucoup de femmes, souvent pieds nus, leurs gardiens étaient armés de bâtons et disposaient de chiens policiers.

Les hommes les plus forts étaient attelés à de grosses voitures chargées de nourriture et de matériel appartenant aux  gardiens. Il y avait jusqu’à trente hommes par voiture qui tiraient à l’aide de cordes. Nombre de ces déportés mouraient en cour de route ; ils étaient enseveli sur place les routes étaient bordées de morts.

Après le passage de ces colonnes de réfugiés nous avons trouvé un Belge mourant abandonné. Mes camarades l’ont ramassé et soigné dans notre cabane et nous lui avons sauvé la vie. Il nous en a remercié quelques années plus tard par l’intermédiaire de DARROZE.

La bataille faisait rage à la périphérie de Berlin, les troupes de choc Russes qui avaient déjà dépassé Berlin laissaient faire le nettoyage de la ville aux troupes Mongoles.

Le 22 avril les Russes arrivent. Ils ont traversé le canal et nous allons nous trouver en pleine zone de combat. Nous sommes au Nord, la fuite à l’Ouest serait encore possible, la police à disparu : faut-il nous sauver comme les Allemands ?  Nous sommes encore 32 camarades qui depuis longtemps attendons nos libérateurs.

Rappelons qu’en 1940 un million six cent mille soldats Français ont été fait prisonniers et dirigés sur l’Allemagne pour cinq années.

Les anciens de1914-1918 ne nous avaient-ils pas enseigné qu’un soldat qui quitte sans ordre son poste de combat devient déserteur. Il est 17 heures, l’aviation russe fait rage, la situation est grave.

Nous nous concertons sur la conduite à tenir et sur fond de petites disputes douze camarades nous quittent avec regret car nous nous étions toujours promis d’attendre nos libérateurs et nous mettre à leurs ordres, puisque nous étions leurs alliés.

 

Sachenhausen.

20 avril 1945-à 7h du matin

dans cette belle forêt de pins

Les premières colonnes arrivent nous avons peur. Que ce passe t-il ? Oui c’est l’évacuation du camps de Concentration de Sachenhausen en toute hâte avant l’arrivée des Russes.

Un défilé monstre de plus de 100 000 squelettes de tous âges de tous sexes de toutes nationalités, attelés par cordages à de grosses voitures chargées du matériel des gardiens, encadrés par leurs chiens policiers dont beaucoup souffrirent de morsures aux jambes.

Quelques uns nous sourient heureux de rencontrer des prisonniers français et nous demandent où sont les Alliés. Courage ! bientôt vous serez libres les Russes arrivent dans quelques jours ils seront là.

Nous avons fait le mieux pour leur venir en aide, mais c’était très dangereux les gardiens étaient proche l’un de l’autre, à peine 30 à 40 mètres.

Nous avons caché un belge mourant dans notre cabane et lui avons sauvé la vie il nous a remercié (lettres à camarade Darroze après la guerre).

Hélas des milliers sont morts en chemin de faim et de fatigue (un beau livre a été édité à ce sujet.)

(Sachsenhausen : 100 167 morts sur 200 000 détenus).

 

30 janvier 1933

Ce jour marque le début de la dictature nazie ouverte

Plus de 50 millions de morts sont venus quelques années plus tard apporter une terrible confirmation à l’avertissement lancé alors par les communismes.

«Voter Hitler, c’est voter la guerre»

En 1933. Ce jour là Adolf Hitler, inspiré et soutenu par la fraction la plus réactionnaire, la plus agressive de la bourgeoisie financière allemande, arriva au pouvoir en Allemagne. En 1936, avec la création des S.S. à tête de morts, unités spécialement chargées de la garde des camps de concentrations, le groupe D de l’Office de l’administration économique de la S.S. W. V. H. A. à Oranienbourg mit en marche la grande machine à tuer du fascisme.

Son but : réprimer et éliminer tous ceux qui ne pensaient pas comme eux.

à 35 kilomètres au nord de Berlin, l’ancien camp de Sachsenhausen est devenu un Mémorial National.

Une tour pointe puissamment vers le ciel-symbole de la détermination et de la persévérance nécessaires pour venir à bout du fascisme.

Avec mes 35 camarades pendant les cinq années que nous étions là, à 1 km de ce camp, nous pouvons certifier que nous n’en connaissions pas l’existence et probablement le peuple allemand non plus car nous l’aurions su.

Par contre nous savions que dans chaque village il y avait un chef du Parti Nazi payé pour dénoncer ceux qui étaient suspects et qu’ils étaient envoyés dans ces camps disciplinaires.

CITATION in-cytenso de la chronique du 20ème siècle, édition Larousse

DE GAULLE à MOSCOU (nous le savions par notre poste clandestin)

Nous restons à vingt, savoir :

-BACHELET Francis, de la Seine Inférieure.
-BARRAL Gaston, 9 Place du Marché 34.100 Lodève
-BOUVEAU Clotaire, canal de Beth, Vendée.
-DEMONDESIR Louis, 54 rue Talourdel, Manche
-DUGRAIN Louis, 47 rue Clémenceau Loos les Lille.
-DURASSIER ?, St.Laurent des Auteis Maine et Loire
-EBENER, 18 rue Pasteur Nanteil les Meaux, Le Havre.
-LAFORCE Michel, 53  avenue de Versailles, Versailles.
-LEROY, Côte du Nort
-LEVACHER Louis, 64 rue de Montevillier Le Hâvre
-MAREY Joseph, 21.120 Til-Châtel
-DARROZE Pierre 31 Toulouse
-MOINE Maurice La Grande maison Loisy 71290, Cuisery.
-NEZET  Seine et oise
-NOUVION Tt Martin de Seignaux,  Landes
-PANARD 3 cours de la Martinique Gironde.
-RAILLARD Jean, 21610 Montigny sur Vingeanne
-REVERSEAU Auguste la Roche du petit bourg des Herbiers  Vendée.
-ROMENS Moselle
-ROUVIERE Eugène 25 Bd Reynaud Ste Anne Marseille.

 

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